Heh... Je pense que tout le monde a déjà entendu de mauvaises langues dire cela... Un millier de fois. "Ho, encore une fois, le PQ nettoie son linge sale en public, ça m'écoeure!" J'ai l'impression, à chaque fois que quelqu'un dit cela, qu'ils ne comprennent pas la particularité de ce qu'est le PQ exactement.
Notez-le bien: je ne suis pas péquiste. En tant que gauchiste pur, je suis parmi la minorité de solidaires au Québec.
Les gens chiâlent sur le nettoyage de linge sale que nettoie le PQ en public, mais ils ne se questionnent pas sur la raison primordiale pour laquelle il y a ce genre d'actions. Cette semaine, nous avons vu d'abord une attaque sur M. Duceppe de la part d'André Boisclair, ainsi que des contre-attaques qui ont suivi. Suite à l'élection du 26 mars d'un gouvernement libéral minoritaire et au rétrogradement du PQ, troisième parti à l'Assemblée Nationale, plusieurs politiciens péquistes, dont le chef du SPQ-Libre, ont exigé la tête de M. Boisclair. Même avant l'élection, un des tacticiens a suggéré de remplacer le chef même avant l'élection, qu'il restait encore du temps pour changer d'idée et réduire les dégâts que Boisclair causerait.
Notez bien que je me fiche bien d'André Boisclair. Il ne me fait ni chaud ni froid, mais je remarque qu'il a fait plus froid que chaud aux Québécois. Il n'a pas su les séduire, en grande partie parce qu'en effet, il n'a pas charmé les médias. Nier ce fait, c'est être ignorant.
Je crois avoir montré plus haut que le PQ connaît plusieurs voix divergentes, des voix importantes dans ce parti politique, car elles affichent plusieurs points de vue. Car à l'instar des deux autres grands partis, le PQ EST un parti démocratique. Le PQ a été formé à la base par des partis de gauche, de droite et du centre. Le chef était un porte-parole qui devait aider les gens à prendre des décisions éclairées, mais qui ne devait pas prendre la décision seul. Les idées du PQ, même actuellement, sont des idées de consensus; elles ne font pas l'unanimité.
Il reste au parti Québécois plusieurs sous-partis: le SPQ-Libre, le MES, pour n'en citer que deux. Ces gens se sont réunis dans le PQ pour le projet de souveraineté, mais ils se sont joints à ces cellules politiques pour leurs affiliations profondes; qu'ils se disent de gauche, de droite, syndicalistes, pro-souverainistes, etc. Le chef du PQ est élu par ces voix; des voix discordantes, des gens qui ne sont pas d'accord. Comme toutes les décisions du PQ, ce sont des décisions de consensus; elles ne font pas l'unanimité.
C'est cela, le PQ. Plusieurs groupuscules unis qui prennent des décisions ensemble, allant du choix du chef au programme électoral. Un chef qui ne sait pas manier cela, accepter que le pouvoir qu'il a est très limité par rapport au pouvoir que les membres doivent avoir, aura de lourdes difficultés. D'ailleurs de diriger une telle coalition mal ordonnée est quelque chose de dur pour le moral et pour soi.
Pourquoi les péquistes lavent-ils le linge sale en public? Car ils en ont le droit. Parce qu'ils ont le droit d'être en désaccord avec certaines lignes de leur parti. Parce qu'il est normal, dans un climat de liberté, qu'il y ait des gens qui disent: "Je ne suis pas d'accord." Parce que des gens ont le droit même de questionner le choix du chef.
Entendez-vous des voix discordantes au PLQ? Bien sur que non, car quand cela est le cas, on passe la muselière assez vite. Thomas Mulcair a goûté à ce genre de choses, en s'opposant à un projet qui avait pour but de vendre un terrain public à M. André l'Espérance pour qu'il construise des condos au pied d'une magnifique montagne, près d'un centre de ski l'hiver, une plage l'été, ainsi qu'une ville touristique importante. Une belle façon de remercier un des hommes qui a mené Jean Charest à la tête de son parti.
Pourtant, bien que M. Mulcair ait, avec un certain gêne (il savait vers quoi il s'aventurait), témoigné sa désapprobation, ses collègues se sont opposés à lui, le chef s'est opposé à lui, si bien qu'il n'avait même plus le droit de commenter le projet Orford. C'est cela, le prix de l'unanimité!
Pour ce qui est de l'ADQ, la formation politique n'a pas encore fait de scandale du genre qui fut connu publiquement. Ne suffit que de dire de source sure que si quelqu'un veut être député dans le parti et qu'il ne suit pas M. Dumont dans tous ses points, quelqu'un le remplacera. Ça aussi, c'est le prix de l'unanimité.
Alors ma conclusion est la suivante: le PQ lave son linge sale sur la place publique parce qu'ils en ont le droit. Le PQ ne tait pas ses élites politiques, ne les prive pas de l'importante liberté d'expression que nous défendons. Bien sur que ce choix a des conséquences néfastes: il mène la vie dure aux chefs, qui doivent écouter bien plus que parler, il donne l'impression parfois de se battre contre lui-même. Mais c'est cela, la démocratie pure. La démocratie pure, c'est le consensus; ce n'est pas l'unanimité. Il n'est pas normal qu'une centaine de personnes puissent arriver à se mettre d'accord sur des enjeux politiques majeurs. Il n'est pas normal non plus de ne jamais entendre ceux qui sont en désaccord.
Si nous avions le choix de construire un système politique pour un pays qui soit démocratique ou totalitaire, chacun serait d'accord pour la démocratie. Pourtant, plusieurs préfèrent voter pour des partis où le totalitarisme est monnaie courante à l'intérieur même du parti, et de se plaindre qu'un parti emploie un processus démocratique à l'intérieur même de son parti.
Voilà un vidéo du plus grand homme politique qu'ait connu le PQ: Pierre Bourgault, le plus grand orateur de l'histoire du parti et celui qui a su comprendre, voir et analyser en profondeur ce qu'est le PQ. Même après 30 ans, sa vision du PQ, montrée en 76, s'applique toujours à ce parti. Il est arrivé à en soulever les plus grandes questions qui tourmentent encore le parti, non pas parce que celui-ci n'a pas évolué, mais parce qu'en profondeur, le PQ n'a jamais bougé dans sa structure, afin de favoriser ses membres et non ses chefs.
http://www.youtube.com/watch?v=7qFZH5PaX4U
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