vendredi 2 mai 2008

Déménagement du printemps

Bon, mes boîtes sont faites et empaquetées, il ne me reste qu'à aller les déballer à ma nouvelle adresse.


Vous pouvez m'y rendre visite quand vous voulez.

La raison de mon départ de Blogger est dans les carences de l'interface, et surtout que je vais suivre la mode de mes prédécesseurs qui est d'opter pour Wordpress, qui semble posséder une interface plus intéressante.

mercredi 30 avril 2008

Dernier sondage au Québec - Plus d'un an après



Cyberpresse publie les derniers sondages sur son site web sous le titre "Les libéraux réélus et majoritaires" (*ahem* un peu partisan, mais Gesca y a droit, le PLQ a vraiment le vent dans le dos). Je me suis dit que ce serait bien de comparer les résultats aux dernières élections à celles du dernier sondage (le premier chiffre est le résultat du sondage, le deuxième le résultat aux dernières élections):

PLQ = 38 - 33 = (+5%)
ADQ = 17 - 31 = (-14%)
PQ = 29 - 28 = (+1%)
QS = 5 - 4 = (+1%)
PVQ = 9 - 4 = (+5%)

Ce que l'on y voit:
-Le PLQ a fait des progrès remarquables. Surtout que dans un gouvernement, le parti au pouvoir a tendance à perdre des votes.

-Le vote adéquiste n'est pas régulier. Bien entendu, avec l'histoire de Mme Tremblay qui a fermé la porte assez violemment à l'ADQ, plusieurs personnes ont été désillusionnées. Malgré tout, l'ADQ a connu un glissement progressif avant de se loger à 17%.

-Le PQ stagne et reste dans la marge d'erreur. Le momentum qui a suivi le couronnement de Pauline Marois il y a quelques mois n'est plus. On veut moins de paroles creuses, plus de contenu, des actions sérieuses sur autre chose que la question linguistique. L'exemple de l'ADQ a montré que ce n'est pas ce qui donne des votes stables.

-Québec Solidaire est dans la marge d'erreur. On dirait que peu importe ce qui s'y passe, personne n'en parle. Le défi pour la formation politique est de provoquer positivement, afin d'attirer l'attention sur un quatrième parti. Ce ne sera pas une tâche facile, mais je crois de façon tout à fait partisane et biaisée que ce serait possible.

-Le PVQ a connu une donnée aberrante (9%). C'est probablement une erreur de sondage, mais bon... Si ce n'est le cas, alors le PVQ bénéficie de ce que l'ADQ avait il y a 5 ans; à savoir que le parti n'a pas besoin qu'on parle de lui pour gagner des votes et que ceux-ci sont, malheureusement, facilement perdus. Un vote par opposition n'est pas un vote stable. Afin de consolider ces votes solidement et de pouvoir élire des députés, il faudrait que le PVQ arrive, lui aussi, à provoquer et à faire entendre parler de lui. Le PVQ a reçu une balle énorme dans son camp, possiblement la seule avant un bon bout de temps. Il faut voir si le parti saura la recevoir.

Voilà un petit résumé de ce que je pense du sondage actuel ^^. Je me suis dit qu'il fallait un billet léger aujourd'hui, et j'ai trouvé bien amusant de voir le dernier sondage sur les intentions de vote.

mercredi 23 avril 2008

Je suis un PastafARRRien

Je suis un pastafarien. Le monde qui me connaissent sur Facebook le savent depuis longtemps ^^.

Pour ceux qui ne savent pas ce qu'est le Pastafarianisme, c'est très simple. Nous croyons que le monde a été créé par un Spaghetti bolognaise volant, qui aurait créé les montagnes, les forêts, l'eau et des nains. Ses disciples, les pirates (ou Pastafariens), répètent son message d'espoir.

Pour ceux qui ne le savent pas, la plus récente bataille des pastafariens fut face au conseil de l'éducation de l'Arkansas, afin de demander à ce que comme l'on voulait parler de l'enseignement du créationnisme à l'école pendant les cours de sciences (ce qui est légitime), il fallait parler de différentes écoles créationnistes, et donc que la nôtre ait une voix elle aussi dans ce volet éducatif. Sans quoi, il serait possible pour les Pastafariens de prendre des actions légales pour que soit enseigné nos arguments sur l'existence d'un spaghetti volant ayant créé l'univers, fort renforcis par des documentations sérieuses et importantes.

Prenons un exemple: les Pastafariens croient que le réchauffement climatique expérimenté depuis le XIXe siècle serait causé par la diminution du nombre de pirates (Pastafariens). Des documents prouvent que de telles allégations sont vraies. Nous avons aussi prouvé (grâce à wikipedia, qui semble devenir une source de plus en plus crédible...) que la Somalie est le pays émettant le moins de GES au monde, et ayant le plus de pirates au monde. La période du Petit Âge de Glace, au Moyen Âge, correspond aussi à un moment où les pirates abondaient sur les mers et océans. Coïncidence? Je ne crois pas. Si vous êtes encore sceptiques, voici la preuve:



Notre église gagne des fidels de jour en jour, si bien qu'un tribunal du Tenesse nous a accordés une place de choix:



En conclusion, nous croyons qu'effectivement, vu les milliers de preuve de l'importance de notre église et vu sa reconnaissance internationale grandissante, que les Pastafariens devraient avoir le droit d'utiliser les mêmes systèmes de fraude d'impôt que les autres religions!

Site web du FMSisme (Flying Spaghetti Monsterism):

Lettre ouverte au Conseil de l'éducation de l'Arkansas (qui fut la plus grande bataille du FSMisme):

(N'oubliez pas que si un Dieu existe et qu'il est vraiment intelligent, il doit au moins avoir le sens de l'humour!)

P.S. Je ne m'y connais pas en html, mais heureusement que je viens d'apprendre comment recadrer des formats d'image pour blogger... -_-

mardi 22 avril 2008

La mythologie moderne: le pouvoir productif des OGM


La presse mondiale est à feu et à sang contre les OGM, alors que le professeur en agronomie Barney Gordon, de l'université du Kansas, a effectué une recherche de 3 ans qui tend à prouver qu'au contraire de ce que prétendent plusieurs sources, certains organismes, comme dans le cas étudié, le soya, ne subissent pas un gain en productivité lorsqu'ils sont génétiquement modifiés.

Ainsi, pour l'exemple du soya, l'OGM Roundup Ready de soya, de Monsanto, a démontré des rendements de 10% plus faible que son homologue naturel choisi par sélection artificielle, sous des conditions similaires et sans enrichissement du sol. Cela vient confirmer des résultats similaires venant de l'université du Nebraska comme quoi le soya génétiquement modifié n'apportait pas de meilleur rendement.

L'étude, pratiquée avec une méthodologie très sérieuse (le même lieu géographique et les mêmes terres ont été employées - et la recherche a duré 3 ans), émet la théorie que le soya Roundup Ready demande au sol plus de manganèse et l'apauvrit en nutriments. L'étude montre aussi que d'ajouter de l'engrais riche en manganèse pouvait réduire l'écart de rendement.

Cela venait confirmer les inquiétudes d'agriculteurs faisant pousser du soya génétiquement modifié, qui se plaignaient aux agronomes que leurs résultats au niveau des rendements du soya différaient de ce que les modèles utilisés leur donnaient comme rendement théorique.

Afin d'obtenir un rendement similaire (légèrement supérieur de 1.3%, en fait), il fallait appliquer 1.5 lb/Acre d'engrais enrichi de manganèse, ce qui est une assez grosse dépense.

Ensuite, les gouvernements viennent transmettre aux gens que les OGM sont bons pour les rendements, alors que de plus en plus de sceptiques sortent pour affirmer qu'au niveau des rendements, la meilleure solution est de procéder à des sélections artificielles, ce que l'on fait depuis quelques milliers d'années. On essaie de nous vendre que les OGM sont la solution à la fin dans le monde, grâce à leurs hauts rendements, alors qu'en vérité, les OGM ne sont qu'une solution plus facile pour gérer les insectes, dans un contexte où la monoculture rend les plants vulnérables aux épidémies et les sols à l'apauvrissement progressif et remarqué.

Le soya Roundup Ready est une variété résistante au glyphosate. En d'autres termes, c'est une espèce créée par Monsanto pour résister au pesticide/herbicide Roundup, de Monsanto. Déjà en 1998, 40% des plans de soya de l'état de l'Iowa étaient de la variété génétiquement modifiée pour résister au glyphosate.

Sources:
Article de Barney Gordon, dans le journal d'agronomie "Better Crops"

Un des articles d'un éditeur environnemental (Je dois avouer que les articles que j'ai lus se ressemblent, et que j'ai préféré aller voir à la source dans l'article de M. Gordon, qui offre une position beaucoup plus complète et mesurée). Je crois que celui-ci est le meilleur, venant du journal Britannique "The Independent".

lundi 21 avril 2008

Des designs qui sauvent des vies

Plusieurs problématiques ont lieu dans des milieux extrêmement défavorisées. Malheureusement, c'est dans ces milieux où les besoins se font les plus criants et où le financement se fait le moins. Ce manque d'argent afin d'aider à trouver des solutions à des problèmes fondamentaux, comme la pénurie d'eau (ou sa contamination) ou la mortalité infantile fait que les solutions se font très rares.

En design pour de telles problématiques, il est essentiel de tenir compte de critères bien spéciaux. Les solutions soumises doivent être peu chères, avoir un effet direct sur les personnes et, du mieux que l'on peut, être durables et pouvoir tenir longtemps. Voilà donc des solutions relativement simples à des problématiques complexes, qui pourraient avoir un impact majeur sur la vie de millions de personnes.

La problématique de l'eau
Hippo Rollers

La première fois que j'ai vu cette image, je me suis vraiment demandé longtemps ce que c'était. Bien sûr, ça ressemble à un tank d'eau. Mais à quoi ça sert?



Voici la réponse:

Sur cette image, on voit Nelson Mandela, libérateur de l'apartheid en Afrique du Sud, tenant un Hippo Roller. Mais encore là, on semble avoir de la difficulté à voir à quoi ça peut bien servir...

(P.S. Sur cette image, on voit probablement un mauvais design de Hippo Roller, car sa couleur est noire, ce qui pourrait réchauffer le liquide à l'intérieur et réduire la durée de vie du produit sous l'effet de la chaleur, qui est destiné à rester au soleil pendant de longues périodes de temps. Maintenant, les Hippo Rollers que j'ai vu sont tous bleu ciel, une couleur relativement populaire dans les polymères et qui résiste à cet effet solaire)



Il faut comprendre la problématique; en Afrique, les gens parcourent de longues distances pour aller chercher de l'eau. Cette distance limite la quantité que l'on peut amener, souvent limité à une cruche ou deux, que l'on traîne parfois sur la tête. Ce travail est dur et gaspille beaucoup d'énergie (ce qui, ironiquement, chez l'être humain, consomme beaucoup d'eau). Grâce aux hippo rollers, il est possible de produire des contenants relativement peu chers (en polymères plastiques), durables et facilement transportables, en les roulant sur le sol. Je ne serais pas sur de traîner 90 L (en général, 90L équivaut à 90 kg) d'eau sur une pente ou un terrain escarpé avec ce bidule, mais il faut avouer que c'est une excellente solution pour faciliter le transport de l'eau.

Au Mali, pays relativement aisé au niveau de l'eau en Afrique, la distance moyenne pour aller chercher de l'eau est de 394 m pour les 22 communes du pays, ce qui semble plus ou moins grand (distance de 788 m aller-retour). Dans une de ces communes, cela va à 1.390 km (ou 2.78 km aller-retour) [Source] . Au Nigéria, on prévoit réduire la distance moyenne de 15 km de distance vers un point d'eau dans les régions de Yobe et Osun, pour la faire passer à 500 m d'ici 2012 (de 30km à 1km en aller-retour) [Source]. Dans ce genre de conditions, il est clair que l'utilisation de moyens de faciliter le transport de plus grosses quantités d'eau pourrait aider à la qualité de vie des habitants, et que des progrès se font aussi au niveau de l'assainissement de cours d'eau.

Le site du Hippo Roller Project.
L'article de TreeHugger sur Hippo Roller.

La mortalité infantile dans les pays du Tiers-Monde
Fabriquer de nouveaux charbons - Amy Smith, MIT

Pour faire simple, voilà une vidéo d'Amy Smith sur le design de nouveaux moyens pour fabriquer des combustibles à feux de cuisson efficaces. Cela explique bien les problématiques dans le design pour des problématiques humanitaires.


L'introduction commence par un choc: quelle est la première cause de mortalité chez les enfants de moins de 5 ans? Les maladies reliées à l'eau, la diarrhée? Non! Ce sont les maladies respiratoires aigües dues à des feux de cuisson impropres employés à l'intérieur.






Il faut trouver des solutions locales et peu chères.
Il ne faut pas utiliser des produits ayant déjà une fonction ou une utilité importante.
Il faut trouver une solution ayant un meilleur effet pour la santé.
Le processus doit être facilement développable et, dans plusieurs cas, ne pas fonctionner à l'électricité. L'énergie humaine ou parfois animale sont souvent les seules sources d'énergie disponibles.
La solution doit être le plus simple possible, et doit pouvoir se répéter dans d'autres communautés.

Ce sont les principaux critères qui ont avantagé la machine qui a été designée par des chercheurs professionnels du MIT, afin de transformer des résidus agricoles du manioc, aussi appelé tapioca chez nous, (wikipedia) en "charbons". Un autre design a été adapté pour la bouze de vache, un produit extrêmement utilisé en Inde pour de nombreuses fonctions (comme la fabrication de briques).

L'utilisation du feu comme combustible a eu beaucoup d'autres impacts néfastes. Dans des pays comme Haïti, c'était la seule alternative pour créer un combustible abordable (gratuit, en fait, ou presque), mais cela a contribué à un effet majeur de déforestation... ce qui résulte en l'apauvrissement de sols du à la diminution de la capacité de rétention d'eau (les racines créent des "vides" dans la terre, par où l'eau s'infiltre et reste plus facilement). Cela résulte aussi en des innondations plus fortes et plus violentes (l'infiltration trop rapide entraîne plus d'eau qui revient se jetter dans les rivières et augmente leur débit et leur volume, ce qui les fait sortir de leurs banques et innonde des terres). [Wikipedia]
In 1925, Haiti was lush, with 60% of its original forest covering the lands and mountainous regions. Since then, the population has cut down all but an estimated 2% of its original forest cover, and in the process has destroyed fertile farmland soils, contributing to desertification Erosion has been severe in the mountainous areas. Most Haitian logging is done to produce charcoal, the country's chief source of fuel.
Donc, on voit que parfois, il est possible de trouver des solutions simples à des problématiques très larges (de la mortalité infantile à la gestion des eaux). Par contre, de telles solutions ne sont pas toujours faciles à développer. Comme vous avez du le voir avec la présentation d'Amy Smith, les étapes passées pour développer une machine manuelle apte à fabriquer des "charbons" suffisament efficaces pour les feux de cuisson et qui seraient moins néfastes pour le système respiratoire. Le design des Hippo Rollers a aussi du passer par de lourdes épreuves de brainstorming, au sujet du choix des matériaux, de la couleur (comme je l'ai montré, elle a un effet important sur la durée de vie de l'objet), l'assemblement et le format. Et là, je ne parle pas encore de la machinerie nécessaire pour sa fabrication ou du transport, qui sont d'autres étapes importantes à tenir en compte.

En gros, tout design, aussi petit qu'il soit, demande beaucoup de pensée, mais peut aussi apporter d'énormes résultats et des promesses d'un meilleur avenir.

samedi 19 avril 2008

Énergies, partie 7: Du fumier à l'électricité

Voilà, ma session tire à sa fin, comme vous le voyez, car je reviens écrire quelques messages. J’avais écrit, au début du mois, le ¾ d’un article sur la pêche à la morue à Terre-Neuve, mais un emploi du temps scolaire chargé et la fatigue chronique m’ont empêché de le finir avant aujourd’hui. Alors je profite de la pause de 2e période (2-1 Habs) pour continuer à écrire.

En passant, Blogger est vraiment médiocre au niveau de la mise en page. Je pense que j’ai du éditer mon post quatre fois avant que mes tailles de caractère ne s’écrivent comme il faut pour mon message sur la morue, alors je profite du fait que je fasse un nouveau message pour le souligner, car j’ai peur de tout bousiller en appuyant sur le bouton « éditer ».

Je vais un peu recycler un projet de recherche fait à l’université qui traite d’un sujet indirectement concerné par une controverse en ce moment : les biocarburants. Je m’excuse que plusieurs sources viennent de journaux payants (McGill nous les fournit gratuitement en archives sur le net, grâce à de brillants donateurs, pour les travaux de recherche). Je vais par contre tenter de vous remettre au moins un lien pertinent, et j’ai trouvé celui-ci, du Ministère Fédéral de l’Économie et de l’Énergie d’Allemagne. Il faut noter que l’Allemagne est LE pays qui pratique la digestion anaérobique, à 350 MW d’électricité produite annuellement.

La digestion anaérobique est un procédé biologique au sens propre du terme, car elle existe de façon entièrement naturelle chez d’autres espèces. Pour simplifier le tout, les ruminants, comme la vache, contiennent dans leurs estomacs des bactéries qui vont digérer une partie de la matière organique et la rendre plus facilement digérable. Par contre, cette digestion rejette un sous-produit : le biogaz. Le biogaz est composé à environ 60% de méthane, presque 40% de dioxyde de carbone et contient aussi des traces de sulphide d’hydrogène et de vapeur d’eau. C’est en partie à cause de cette digestion que l’agriculture et l’élevage sont responsables du tiers des émissions humaines de méthane, un des gaz à effet de serre les plus nocifs.

La digestion anaérobique a lieu partout où les conditions climatiques (l’humidité et la température en sont les plus importants facteurs) permettent aux bactéries de digérer de la matière organique. Elle a lieu, par exemple, dans les sites d’enfouissement, où le biogaz doit être géré ou transformé. À partir de cette réaction, il est possible de trouver des façons de collecter un biogaz de façon volontaire, dans le but de créer un combustible sous forme gazeuse et capable de générer de l’électricité.

Mais pour cela, il faut des composantes riches en matière organique en grandes quantités et facilement digérables par les bactéries anaérobiques. En milieu urbain, la meilleure façon de faire est d’adapter les sites d’enfouissement pour en collecter les biogaz. La carrière Miron, à Montréal, en fut un bon exemple; étant une carrière à ciel ouvert avec des déchets enfoncés dans le sol, il était facile de collecter le biogaz généré et de l’utiliser pour créer de l’électricité. C’est pourquoi Gazmont, un collectif de plusieurs entreprises, a une centrale thermique dans le quartier Saint-Michel qui génère 25 MW d’électricité par année. J’ajoute ici une note personnelle : Gazmont a un contrat avec Hydro-Québec, où le collectif d’entreprises DOIT produire 25 MW d’électricité ou subir de très sévères amendes. À cause de cela, les chaudières à combustion contiennent non seulement du biogaz, mais l’on brûle aussi du gaz naturel et/ou du mazout lourd (pétrole peu raffiné) durant l’hiver, où la température plus basse ralentit la production de biogaz.

En milieu rural, par contre, la principale source de biogaz vient du fumier, solide ou liquide. Le fumier comporte une grande quantité de matières organiques, mais comme il a déjà été digéré dans l’estomac, son potentiel pour créer du biogaz est amoindri. Mais il faut aussi savoir quelles sont les autres utilités du fumier. Épandu sur les terres, il peut s’avérer être un agent capable d’enrichir le sol d’azote ou de phosphates. Dans d’autres cas, le fumier doit être stocké dans d’énormes bâtiments (séparé entre solides et liquides) en attendant d’être vidés. Finalement, le compostage, méthode peu utilisée car elle apauvrit l’apport en énergie du fumier et nécessite des installations et des connaissances spécialisées) est peu utilisé, hormis dans l’agriculture biologique.

Toutefois, l’épandage est une technique qui enrichit le sol en phosphates. Le BAPE (Bureau d’audiences publiques sur l’environnement) estime que dans plusieurs régions, l’épandage est si pratiqué que les phosphates contaminent les eaux souterraines ou des cours d’eau. Pour cela et quelques autres raisons de voisins caves qui se plaignent des odeurs (apprenez à vivre en territoire agricole et fermez-la – ça pue, de la merde, ça puera toujours et c’est une excellente façon de faire pousser les tomates qui sont dans votre assiette), l’épandage est une mesure contrôlée et limitée à deux fins de semaine par année. Le stockage devient donc nécessaire, mais il y a souvent des surplus, surtout dans l’élevage porcin. Il faut donc soit opter pour investir de l’argent et construire un composteur, soit payer pour se débarasser d’un produit avec une valeur. La digestion anaérobique pourrait donc collecter de tels surplus et les convertir en énergie, avant de les re-distribuer.

La digestion anaérobique peut être faite dans des digéreurs locaux, sur la ferme, mais cela n’est rentable que pour des projets de grande échelle, ce que nous avons peu au Québec. Des études de l’université d’Alberta ont aussi prouvé qu’il était plus profitable pour l’environnement ET pour les profits si les digéreurs ont une plus grande échelle.


Explications du fonctionnement plus approfondies

Maintenant que l’on a vu les principales sources de digestion anaérobique en milieux urbains et ruraux, expliquons comment elle fonctionne. La matière organique (déchets, fumier, autres) est digérée dans un énorme digéreur pendant environ 30 jours, à des températures allant de 30 à 40 degrés Celsius, afin de favoriser l’activité des bactéries. Cela génère un biogaz qui circule par un tuyau jusqu’à une chambre de traitement, pour lui retirer les sulfates d’hydrogène et la vapeur d’eau. Le biogaz est ensuite brûlé et génère de hautes températures, qui réchauffent de l’eau. Cette eau se vaporise et actionne une turbine qui produit de l’électricité. Le gaz circule ensuite dans des tuyaux qui vont réchauffer en partie le digéreur, afin de le garder à une bonne température (cette partie n’est pas efficace à 100%, et il faut fournir de l’électricité pour garder le digéreur à une température convenable). Les digéreurs anaérobiques ont une efficacité thermique (en gros, c’est une façon de calculer l’énergie émise pour fabriquer l’énergie qui ressort en électricité) de 43%, alors que les centrales thermiques au gaz naturel de la dernière génération ont une efficacité d’environ 55%. Par contre, c’est pas mal, pour produire de l’électricité à partir de merde et de détritus.

En milieu agricole, par contre, la meilleure façon de produire beaucoup de biogaz est par la codigestion. Ce procédé est simple : au lieu de ne digérer qu’un produit, on en utilise plusieurs. Par exemple, le fumier est un produit que l’on crée en quantités astronomiques, mais son potentiel pour générer des biogaz est amoindri par le fait qu’il a déjà subi une digestion dans l’estomac. Par contre, une fois enrichi d’autres produits, comme les résidus d’abattoirs ou de certaines récoltes (comme le maïs, mais je n’entrerai pas dans ce débat, je me contenterai de dire que c’est pratiqué), le potentiel de gestion de biogaz est augmenté. Ainsi, on combine un produit de qualité à un autre qui offre l’avantage de la quantité.

L’avantage de la digestion anaérobique est que le produit de la combustion est… du dioxyde de carbone. Oui, le fameux dioxyde de carbone est, dans ce cas, bénéfique pour la couche d’ozone, car le biogaz contient une forte concentration de méthane, un gaz environ 20 fois plus dangereux pour le réchauffement climatique que le dioxyde de carbone. Je dis 20 fois plus, car les articles sérieux évoquent de 20 à 21 fois, alors que certains environnementalistes vont dans le 25 à 30 fois pire… Un bien fort chiffre, si on ne l’appuie pas d’études. Le second avantage est économique : à partir de produits que l’on peut souvent considérer comme « déchets » ou « surplus », on crée de l’électricité qui profite aux citoyens.

Bien entendu : les désavantages

Pour modifier une devise de Réno-Dépôt, si c’était si beau, on l’aurait! Il y a plus haut les avantages listés de la digestion anaérobique. Mais il existe plusieurs problèmes. Dans les sites d’enfouissement, il n’y a pas trop de problème, car le biogaz est généralement généré de toute façon et qu’un système bien planifié peut permettre de générer de l’électricité et faire de l’argent.

Dans le domaine agricole, on pourrait affirmer qu’une partie du biogaz ainsi produite ne serait pas générée en temps normal, car le fumier produit naturellement du biogaz, mais que la quantité est moins grande. L’université de l’Alberta a étudié une analyse du cycle de vie et estime que l’avantage du biogaz, au niveau environnemental, est qu’il permet de ne pas utiliser de gaz naturel ou de charbon pour produire de l’électricité, ce qui réduit l’impact de GES de 90% dans cette étape. Par contre, une analyse à un plus haut niveau n’a pas été publiée dans les articles que j’ai consultés pour la recherche. Il y a par contre un impact positif au niveau de la contamination des eaux, car même si le fumier qui a généré le biogaz est ensuite répandu, il a perdu une quantité non-négligeable de certains produits.

Un autre facteur limitant est économique. L’Allemagne a réussi à inciter les investisseurs en offrant des programmes de financement et de crédits d’impôts dans le domaine, ainsi que plusieurs pays d’Europe. La grosseur des installations aux États-Unis permet de pouvoir générer de grandes quantités d’électricité sans problème. Des arrangements avec les compagnies d’électricité ou les consommateurs, comme au Vermont avec le programme « Cow Power », ont permis aux investisseurs d’être intéressés par l’idée, car les clients étaient prêts à payer un peu plus cher pour que l’électricité soit faite par digestion anaérobique plutôt que par de polluantes centrales au charbon ou au gaz naturel.

Par contre, au Québec, le troupeau moyen en élevage laitier est de 52 têtes. C’est très petit, comparativement aux milliers de tête des installations agricoles du Sud. Nous avons par contre une industrie porcine qui a des surplus de fumier énormes dans certaines régions, et qui cherche un moyen de s’y installer. Ce qu’il manque, c’est des connaissances, de la part des agriculteurs et d’experts, ainsi qu’un peu d’audace. Le dernier problème est le bas coût de l’électricité au Québec. À 6.5 cent/kWh, presque aucune énergie renouvelable n’est rentable. La meilleure solution pour investir en énergies renouvelables, c’est d’augmenter le prix de l’électricité à au moins 8-9 cent/kWh et d’investir les surplus dans de la R&D dans le domaine, rien de moins. L’université d’Alberta (encore elle, hé oui! Et elle vient toujours du même chercheur, au fait) estime que la digestion anaérobique par fumier uniquement aurait un coût de génération d’environ 0.22 cent/kWh, un coût extrêmement élevé. Par contre, ce coût est évalué dans un comté précis (ce qui n’est pas pareil partout) et ne comporte que le fumier. En enrichissant le fumier avec des résidus d’abattoir, par exemple, ou de bacs de matières compostables, il serait possible de réduire ce coût. Mais à long terme, la recherche se fait ailleurs pour améliorer le coût de production de telles activités. En développant des bactéries plus voraces (comme cela a été fait par des microbiologistes) en améliorant l’efficacité thermique de la centrale, pour améliorer ce 43% d’efficacité et en gérant adéquatement les produits entrant dans le digéreur, il sera possible de réduire de grandement les coûts.

Un dernier problème va dans une problématique que plusieurs énergies ont : son potentiel. Les économistes agricoles les plus réalistes estiment que la digestion anaérobique en Allemagne, par exemple, ne peut que fournir 6 à 8% des besoins en électricité dans le pays. Comme plusieurs moyens de production renouvelables, son potentiel est limité par la quantité de matières organiques que l’on fournit.

Mais somme toute, la digestion anaérobique est une technologie émergente, intéressante et est un des fleurons où la recherche en agriculture et en biosystèmes est la plus effervessante.

Sources :

Apushev, N. (2004). Economic Feasibility of Anaerobic Digestion of Swine Manure for a Grower-to-Finisher Hog Operation in Quebec. Agricultural Economics. Montreal, Mcgill University: 119.

Ghafoori, E., P. C. Flynn, et al. (2007). "Carbon Credits Required to Make Manure Biogas Plants Economic." International Journal of Green Energy 4(3): 339-349.

Ghafoori, E., P. C. Flynn, et al. (2006). "Global warming impact of electricity generation from beef cattle manure: A life cycle assessment study." International Journal of Green Energy 3(3): 257-270.

Lieffering, M., P. Newton, et al. (2008). "Greenhouse gas and energy balance of dairy farms using unutilised pasture co-digested with effluent for biogas production." Australian Journal of Experimental Agriculture 48: 104-108.

samedi 5 avril 2008

Une province détruite par le libre-marché

Voilà, l'histoire qui s'en vient, je crois qu'on la connaît tous, mais qu'on l'oublie souvent. Ce n'est pas "notre" histoire, bien qu'elle vienne d'un de nos voisins. Je crois qu'il est important de la voir plus en profondeur pour mieux la comprendre et pour en tirer certaines choses importantes.

Bien entendu, le sujet de cette semaine sera l'histoire de la Morue de l'Atlantique et de l'île de Terre-Neuve.

La morue de l'Atlantique
Autrefois appelée l'or blanc, la morue de l'Atlantique a été l'une des richesse qui incitèrent les gens à s'installer au Nouveau Monde. Les vikings ont même installé des campements dans la province pour y pêcher et s'y installer (les campements auraient été abandonnés quand le sol a commencé à geler). Plus tard, lorsque Jean Cabot découvrit le Nouveau Monde, il posa probablement le pied à Cap Bonavista, sur les côtes de Terre-Neuve. Dans ses rapports, il prétendait qu'il ne suffisait que de jetter une chaudière à la mer pour qu'elle en ressorte plein de morues (un poisson extrêmement prisé). 

Avec le temps, des changements eurent lieu dans l'écosystème, ainsi que la pratique de la surpêche, qui nuisirent à la santé des bancs de morue.

Jusqu'en 1950, depuis 100 ans, Terre-Neuve pêchait environ 250 000 tonnes de morue dans le Nord-Ouest. Dans les années '60, l'industrie de la morue de l'Atlantique gagna en popularité, et des entreprises de partout à travers le monde vinrent pêcher le poisson, si bien qu'en 1968, la pêche rapporta 800 000 tonnes de morue. Par contre, en moins de 10 ans, les stocks de morue commencèrent à manquer gravement et l'on ne pouvait récolter moins de 350 000 tonnes. La poursuite d'un pêche à une échelle trop élevée pour permettre la bonne santé du banc de poissons mena progressivement à des pertes  de population.

Je donne ces chiffres pour pouvoir les mettre en perspective. Alors que 30 ans plus tôt, on pêchait 800 000 tonnes de morue, le département des pêcheries estimait la population de morue de l'Atlantique dans Terre-Neuve et le Labrador à 1700 tonnes, au total, il y a 14 ans (1994). La population de morue, à l'époque, ne montrait aucun signe de regénération.

Au Canada, on a étudié ce phénomène, car en temps normal, lorsque la population d'un animal rétrécit tout près de l'extinction et que des mesures sont prises pour limiter le nombre de prédateurs (nous),  elle est capable de se reproduire à un rythme accéléré. Ce ne fut pas le cas avec la morue, car des chercheurs estiment que la morue encore en vie souffre de problèmes de santé. Il existe, dans les mesures, un "facteur de condition", qui tient compte du ratio du poids sur la longueur. Supposons qu'une morue aurait un indice de 1 pour être en santé; une morue en excellente forme aurait un indice de 1.1 à 1.2 . En général, les poissons de la morue de l'Atlantique au Canada auraient un indice allant en général de 0.6 à 0.7 . Il est incertain de déterminer quel facteur serait responsable de cet état de santé lamentable, mais on présume que cela pourrait être du à un changement de température dans les cours d'eau, comme les données du Saint-Laurent le montrent.

Sources:
Ancien article de GreenPeace: "Canadian Fisheries Collapse"

Article du gouvernement du Canada sur la regénération du banc de morue

Conséquences pour Terre-Neuve
Terre-Neuve fut la province la plus touchée par la diminution de la population dans les bancs de morue, car l'avenir de la province dépend de l'industrie de la pêche. En 2003, le gouvernement Canadien plaça un moratoire sur la pêche à la morue dans le Nord de Terre-Neuve. Le gouvernement provincial compara cette crise à placer un moratoire sur l'industrie automobile en Ontario.

La province fut touchée très fortement, car plus de 30 000 personnes y perdirent leur emploi, sur une population de près de 200 000 habitants. L'effet de ce moratoire peut encore être ressenti dans la province. Voilà quelques tableaux que j'ai obtenu de données de Stat Can, et reconverti en Matlab (question de prendre un peu d'expérience). Vous remarquerez que l'on nous dit souvent que les maritimes sont un cas particulier, alors j'ai comparé mes données avec celles des autres provinces maritimes, avec notre situation au Québec et avec l'Alberta, qui semblent être les plus fortunés selon ce que l'on nous dit:

Ici, on voit un aperçu de la population, par province.

Dans ces graphiques, l'on remarque la particularité de Terre-Neuve au niveau de l'immigration. Même des populations maritimes, Terre-Neuve est celle qui accueille le moins d'immigrants. Elle en accueille moins que l'Île-du-Prince-Édouard, qui a une population quasi-inexistante.

On remarque que l'émigration (gens qui quittent le Canada), par contre, est extrêmement basse à Terre-Neuve, malgré les problèmes de la morue. Les Terre-Neuviens resentent donc un important sentiment d'appartenance avec le Canada, car ils préfèrent y rester.
C'est là que le bas blesse pour Terre-Neuve. Plusieurs Terre-Neuviens (2 fois plus qu'en Nouvelle-Écosse, selon un indice relatif) quittent la province pour aller ailleurs. Suite au moratoire, c'est une bonne partie de l'île qui a été amputée de l'activité économique la plus importante de la province. Les gens préfèrent aller tenter leur chance ailleurs au Canada, comme à Fort McMurray en Alberta, où plusieurs "Newfies" vont travailler dans les sables bitumineux et ramènent leur argent à leur famille à Terre-Neuve.

Je tiens d'ailleurs à faire remarquer que seul 2 provinces ont un indice de migration interprovinciale positif: l'Alberta et la Colombie-Britannique. La migration interprovinciale du Québec est d'ailleurs inférieure à l'Ontario, avec un indice relatif. Il faut aussi noter que Terre-Neuve est la seule province ou territoire à avoir un taux de mortalité plus élevé que le nombre de naissances.

Rien n'est entièrement noir
Toutefois, tout ne va pas mal à Terre-Neuve. La pêche est encore en train d'être pratiquée, mais différement, grâce à des techniques d'aquaculture et d'élevage de poisson. En 2003, suite au moratoire, la province a commencé l'élevage de la morue franche, une variété capable de prendre du poids et arriver à maturité plus rapidement. Pour l'instant, les résultats commencent à peine à apparaître, mais l'élevage pourrait permettre d'assurer des revenus aux pêcheurs, dans un avenir relativement lointain. Il reste encore beaucoup de recherche à faire avant que l'on puisse compter sur cette technique d'élevage.

Pêches et océans Canada: La morue franche

Ailleurs dans l'océan: Islande
Il ne faut pas croire que la pêche à la morue était une histoire unique à Terre-Neuve et aux maritimes. La morue de l'Atlantique porte ce nom, car ses bancs se regroupent dans le Nord de l'Atlantique. Par contre, un autre pays qui dépendait de la pêche a décidé de faire un bras d'honneur au libre-marché, et la population de morue de la région est encore capable de survivre.

Après avoir chassé les bâteaux britanniques et d'Allemagne de l'Est, les Islandais furent très perplexes face à l'état de la population de morue dans la région. En 1984, ils instiguèrent un système de quota, afin de limiter la pêche à la morue et de permettre aux bancs de poisson de se regénérer adéquatement. Il était clair que la survie de la morue dans la région devait passer par une limitation de la pêche.

Maintenant, les pêcheurs prennent deux fois moins de morue qu'avant l'arrivée des quotas, mais ils en pêchent quand même. En 2004, alors que Terre-Neuve, la terre qui fut colonisée parce que l'Islande ne fournissait pas autant de morue, était sous moratoire dans le Nord de la région et la population de morue n'arrivait pas à se regénérer, du à une pêche commerciale suffoquante et des problèmes environnementaux; en Islande, on prévoyait pêcher 210 000 tonnes de morue. L'Islande pratique aussi l'élevage de morue en captivité.

Mais cette réussite ne fut pas obtenue sans de lourds affrontements avec des puissances internationales.

La Semaine verte (2003): "La morue en Islande"

La cod war
Plusieurs affrontements eurent lieu entre la marine Britannique et la garde côtière Islandaise.
Pour plus d'informations:

En conclusion, on essaie souvent de nous vanter les bienfaits du libre-marché. La vérité est que le libre-marché possède d'importants bénéfices, mais qu'il faut aussi faire preuve de rigueur quand on parle de quelque chose en informant aussi les gens sur les conséquences néfastes que de telles mesures ont eu dans le passé. La pratique de la surpêche a, par exemple, mis une population de morue en danger et a eu des conséquences énormes sur la région de Terre-Neuve, alors qu'une gestion plus éclairée en Islande leur a permis de continuer à prospérer avec des bancs de morue en santé.