Hé oui, cette fois je vais donner une bonne baffe aux médias et au gouvernement, sans négliger aux administrations scolaires, pour affirmer clairement mes couleurs.
La première chose que je vais dire: il n'y a pas mieux placé que les étudiants pour choisir les projets qui devraient être faits en éducation et donc, pour leur avenir.
La deuxième chose que je vais dire: qu'on accorde plus de crédibilité aux étudiants et un peu moins aux recteurs qui, bien qu'ils aient un rôle louable quant à l'enseignement, la recherche et l'administration, ont surtout besoin d'être placés sur un même échiquier que les gens auxquels ils enseignent, que leurs assistants de laboratoires et de recherches qui travaillent sur leurs projets avec le même intérêt et la même passion, malgré des connaissances inférieures.
Troisièmement: que les médias retournent faire leurs devoirs et apprennent à voir les choses venir AVANT la conférence de presse et que le gouvernement soit forcé de prendre position pour montrer une crise.
De quoi je parle? Mais bien entendu de l'Ilôt-Voyageur, un complexe de l'UQAM qui doit être construit près de la Station Centrale au Centre-Ville de Montréal. Depuis 1 an, TOUS les journaux de l'UQAM ont dénoncé la gestion de ce projet. L'ultimatum (journal de l'Association pour une Solidarité Syndicale Étudiante), le journal de l'AFESH, de l'AFESPED, etc. Pour avoir consulté plusieurs de ces articles et avoir observé les analyses du budget de l'UQAM, faites par des étudiants et des enseignants en économie, il y avait de quoi s'inquiéter. Qui plus est, l'an dernier, le budget a été diminué dans tous les coins: emploi de chargés de cour plutôt que de docteurs, augmentation des inscriptions, négociation du salaire des employés de soutien, la CANO a entièrement été coupée (elle avait pour mission d'informer les étudiants des activités culturelles et distribuait un horaire des événements à venir dans l'université), etc. Le seul point du budget qui n'a pas été coupé a été dans... le personnel cadre, qui a connu une hausse d'investissement. Peut-on croire que les recteurs de l'UQAM croient qu'ils ont besoin de professeurs moins diplômés avec une plus grande charge de travail, au profit de cadres pour "runner" l'entreprise universitaire, pour favoriser la qualité de l'éducation post-secondaire?
Les associations étudiantes ont vu le gouffre arriver depuis un an. Suite au problème du complexe Pierre-Dansereau, on pouvait prévoir que de débuter un nouveau bâtiment avant que le dernier ne soit fini, c'était quelque peu osé... Mais à cause de leurs protestations sur le projet, et ce même si ces associations représentent les étudiants qui sont la majorité profitant de l'agrandissement de leur université, les assos ont été EXCLUES de la table de négociation du projet de l'Ilôt-Voyageur.
D'autres points aussi me frustrent dans cet agrandissement, notamment la très attendue hausse des frais afférents (présumons de 80$ par session, soit 50% des frais actuels, comme il a été proposé dans les deux derniers plans de redressements qui ont été refusés). Les associations étudiantes, qui ont pour mission de transmettre la voix des étudiants, ne voulaient pas de l'Ilôt-Voyageur. Pourtant, ils devront en payer une partie de la facture, du à de mauvaises estimations de la part d'une administration qui a exclu les étudiants du projet. Plus que cela, la qualité de leur éducation devra se détériorer.
Il arrive déjà que les étudiants de l'UQAM obtiennent un BAC de 90 crédits (30 cours, habituellement) sans jamais voir un seul professeur d'université et en suivant simplement les enseignements de chargés de cours. Les finances de l'UQAM impliqueront donc d'engager un ratio plus élevés de chargés de cours et de donner une plus grande charge de travail aux enseignants. De ce côté, la qualité de l'éducation à l'UQAM se détériorerait aussi.
Ce qui me choque là-dedans? C'est que Jean Charest vienne prôner un dégel des frais de scolarité après cela, oui! Qu'il vienne oser affirmer que la facture étudiante n'est pas assez salée et que cet argent serait mieux investi dans les mains de ces conseils d'administration d'université. L'Ilôt-Voyageur n'est pas le seul projet d'agrandissement dans les universités Québécoises, ne l'oublions pas. Pourtant, depuis deux ans, le nombre d'inscriptions à l'université a diminué pour la première fois depuis 1995 (moment où les effets bénéfiques du gel des frais de scolarité s'est fait sentir). L'annonce du dégel promet déjà de diminuer le nombre d'inscrits à un rythme plus accéléré dans 3 ans (il faut toujours 3 ans pour remarquer les effets d'investissements/désinvestissements en éducation, car il faut compter d'abord 2 années de cégep et une année supplémentaire pour mieux évaluer la situation). Pourquoi a-t-on besoin de bâtir plus pour accueillir moins? Ce qu'il faut, c'est inciter les jeunes à s'éduquer en gardant les frais aussi gelés que les étudiants de cégep, en valorisant l'éducation universitaire et en investissant D'ABORD ET AVANT TOUT dans les programmes déjà existants, avant d'aller investir dans de nouvelles constructions immobilières qui seront louées par la suite à des entreprises privées, comme ce sera le cas du Complexe Pierre-Dansereau, qui n'est même pas encore fini. L'état des toilettes du pavillon principal de l'Université de Montréal au 6e étage, même si l'université investit dans de nouveaux immobiliers (mais de façon plus raisonnable). Elle a d'ailleurs du abandonner certains programmes, comme la géologie (alors que l'UdM se situe sur une mine géologique: le Mont-Royal), se justifiant du fait qu'on l'enseignait déjà ailleurs.
Alors je reviens à mes 3 conclusions.
Premièrement: que les étudiants méritent une place à la table de négociations, car c'est eux qui bénéficient de l'éducation et de la saine gestion de leur université, d'abord et avant tout (notons aussi l'importance de la recherche). Ce sont aussi eux qui savent évaluer si un projet est bon ou non, car c'est à eux qu'il profite ou, dans ce cas-ci, ce sont eux qui en subissent les conséquences néfastes les plus graves, par une diminution de la qualité de l'enseignement à un prix qui sera probablement plus élevé. Payer plus pour obtenir moins, finalement.
Deuxièmement: que les étudiants doivent pouvoir communiquer avec les recteurs qui sont prêts à organiser les projets, que les responsables des universités aient des comptes à rendre aux étudiants en les incluant dans le projet et en expliquant pourquoi on a besoin de tel ou tel nouveau bâtiment. Si les universités sont prêtes à s'agrandir, qu'elles viennent montrer quelles seraient les effets bénéfiques pour la qualité de leur éducation. Somme toute, que les étudiants et les administrateurs de l'université puissent être placés sur le même échiquier.
Troisièmement: qu'on écoute les étudiants, dans les médias, dans les entreprises gouvernementales et chez les citoyens, quand on parle d'éducation. Lors de la commission parlementaire sur la hausse des frais de scolarité, seul les recteurs ont été invités à se prononcer et jamais les étudiants. Pourtant, l'exemple de l'Ilôt-Voyageur leur a donné raison: alors que tous ignoraient les craintes soulevées par la population étudiante de l'UQAM, ce sont eux qui ont vu en premier la crevasse dans laquelle on les menait... Et parce qu'on ne les a pas écoutés, c'est là que nous les avons laissés tomber.
Quelques articles:
Gouffre à l'UQAM: les étudiants ne veulent pas payer
http://www.cyberpresse.ca/article/20070503/CPACTUALITES/70503255/1019/CPACTUALITES
Le vérificateur général examinera les finances de l'UQAM
http://www.cyberpresse.ca/article/20070503/CPACTUALITES/70503127/-1/CPACTUALITES
UQAM: 95 % des locaux destinés au privé encore vides
http://www.cyberpresse.ca/article/20070503/CPACTUALITES/70503021/0/CPACTUALITES
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1 commentaire:
On aurait dû se poser les questions lorsque l'UQAM a acheté un ancien manoir seigneurial à Mascouche, dans le but de le rénover et d'ouvrir une "université d'été". Y'a un recteur qui en fume de la bonne...
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